Il a délaissé, hier matin, les bancs de son école de Vaison-la-Romaine, où il est en CM1, pour les ors de la République. Pas besoin de mot d'excuse: Arthur recevait, en même temps que deux autres récipiendaires, la médaille de bronze pour "acte de courage et de dévouement", des mains de François-Xavier Lauch, directeur de cabinet du préfet de Vaucluse, à l'occasion de la cérémonie des voeux aux services de sécurité. Et il était impressionné par tant d'uniformes, ce petit garçon dont les grands yeux en amande arrivent à peine à la hauteur des galons de tous ces officiers !
C'est pourtant lui la star: dans les couloirs de la préfecture, les journalistes n'ont d'yeux et de micros que pour lui, comme au mois de mai dernier. À l'époque, ce gamin de Vaison était passé au journal de TF1 et même chez Marc-Olivier Fogiel, après son acte de bravoure. "Le 3mai dernier, Arthur Pipard a fait preuve de sang-froid et d'une parfaite maîtrise en prodiguant les premiers secours à sa mère, qui, prise d'un malaise avec perte de connaissance, venait de perdre le contrôle du véhicule à bord duquel ils se trouvaient tous les deux", dit le texte officiel. Arthur, lui, estime en haussant ses frêles épaules que c'était "juste un réflexe".
Pas pour son papa, Philippe, qu'il a appelé du téléphone portable de sa mère, après avoir dégagé la tête de cette dernière, coincée entre la vitre et l'appuie-tête. "Et alors que la borne incendie, que le 4x4 venait de heurter, giclait de partout!, précise le géniteur de cet enfant prodigue, sapeur-pompier volontaire. Même un adulte aurait pu sortir en courant". Sauf qu'Arthur veut lui-même être pompier. "Depuis que j'ai 8 ans", précise-t-il, sérieux comme un pape, pour rendre plus crédible cette affirmation si banale chez les gamins de son âge. "Je crois que je l'aurais fait aussi pour quelqu'un que je ne connais pas. En fait je n'ai pas réfléchi."
Une vocation qui dépasse donc l'attirance pour les camions rouges… "Si c'est son choix, il entrera à l'école des jeunes sapeurs de Vaison." Il doit attendre pour cela l'âge de 14 ans. Car s'il s'est comporté comme un héros, Arthur n'en reste pas moins un enfant. Blotti contre son père, il patiente sagement pendant le discours du directeur de cabinet, imperméable à la problématique de "la réforme des secours à la personne, avec la mise en place du référentiel commun". Lui, il a juste porté secours à sa mère, qui se fait la plus discrète possible. Sa famille recomposée pour l'occasion autour de lui, il bombe un peu le torse pour montrer cette médaille qu'il va précieusement ranger dans sa chambre, avec ses camions de pompier. "Je suis fier", avoue-t-il sans complexe. Il peut.
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